Petites toiles comme des bijoux atmosphériques où toute la gamme des gris, des blancs et des bleus s’affrontent, carénés par un sol mouvant de vert, d’ocre, d’une tache de rouge vif adouci qui nous agrée de l’existence d’un paysage et de sa représentation.

Elliptique, cristalline, aérienne et pourtant tout en matière veloutée et accrocheuse, la lumière se rend en pâmoison au pouvoir humble de celui qui tente de l’arracher à l’oubli du moment passé en la fixant sur la toile. L’émotion vibrionne au contact des multiples nuances colorées qui restituent l’instant vécu devant l’objectif choisi. L’esprit de l’artiste s’est concentré au maximum, mais son coeur veut tout embrasser. La synthèse inédite devient soeur de l’abstraction sans jamais faire partie de la famille.

De Staël marchant le long des côtes normandes, sur la bordure de la lande, entre le sable et l’horizon ou plongé dans la chaleur provençale de Ménerbes et de ses environs. Le guetteur du miracle, le gourmand des sensations allusives tisonnées par l’approche des sols et des obstacles naturels. L’arpenteur-artisan rivé au métier d’accoucheur du mystère par la grâce du pinceau.

Du nord au sud, les tableaux se succèdent en 3 étapes majeures. La Manche, la mer du Nord et la Provence, Agrigente en Sicile et enfin Antibes.

A Agrigente, la Sicile est un défouloir de couleurs pétaradantes qui tombent en s’emboîtant abruptement sans convaincre. Le ciel est désaccordé du sol. Le sol se retrouve cassant comme du verre, sans assise et sans profondeur. La relation est coupée.On n’y croit pas. Trop violents contrastes méditerranéens ? Essoufflement passager ? Production pléthorique que ne peut suivre la cadence d’une vision renouvelée ? Le retour à Antibes pourrait faire craindre le pire. Or c’est le contraire qui se produit. Le paroxysme d’une fin maintenant connue n’est écrit nulle part. La matière s’est faite plus lisse. Les gris et les bleus reviennent au premier chef dans tout leur chatoiement, mais plus chauds. Nous sommes dans le sud. Antibes est débarrassé du superflu. Ne reste dans les meilleures toiles qu’un résidu émulsionné des formes; une épure quasi parfaite condensée au bord de l’infini sans le moindre signe d’épuisement. Tout est dit.