A la simple évocation du terme « impressionniste », les grimaces se font jour. Monet, Renoir, Sisley, Pissarro, etc….voguent en fête au musée Marmottan.

Pourquoi et comment un tel mouvement continue de susciter l’amour et l’admiration du plus grand nombre et s’attire toujours les récriminations sarcastiques d’une minorité souvent impliquée dans l’art ?

Parce que l’impressionnisme c’est génial. C’est un moment parfait de plénitude, d’invention picturale qui regarde la nature et se suffit à elle-même sans nécessité symbolique et codifiée. C’est le monde qui vous est offert directement sans intermédiaire autre que la sensibilité du peintre. C’est le paysage roi qui vous débarque sur la rétine avec toute son intensité et qui semble si naturel alors même qu’il est parfaitement réinventé. Comment pourrions-nous ne pas nous satisfaire d’une telle possibilité unique donnée aux artistes et au public dans l’histoire de l’art ? Nous sommes touchés au coeur sans le recours à une quelconque médiation. Quelle époque bénie qui a permis cela !

A posteriori, bien sûr, on oublie les combats de l’époque pour imposer cette nouvelle vision, son aspect révolutionnaire et l’ostracisme qu’elle suscita. Raison de plus pour se gausser des jugements actuels péremptoires et souvent haineux vis à vis de cette manière si simple et si efficace de communiquer. Jugements bien souvent issus des propres rangs du milieu de l’art et qui ne sauraient admettre qu’il fut possible d’être grand créateur en regardant la nature en face.

Aujourd’hui, la médiation n’est plus symbolique, historique ou religieuse. Elle est conceptuelle. C’est le pur esprit sans attache qui a pris le pouvoir et maintient la vie à distance. C’est l’hermétisme qui triomphe sous couvert d’intelligence. C’est la boursouflure du discours qui prime sur tous les autres aspects. C’est le délit d’initiés au service d’une cause devenue inaudible et incompréhensible pour le plus grand nombre. C’est au bout du compte une fermeture qui rejoint l’effrayante atomisation actuelle du monde et ne permet plus de se rencontrer.

Au delà de ses qualités artistiques extraordinaires, l’impressionnisme possède une vertu sociale exemplaire, celle de rendre heureux tout le monde.